Géomorphologue ? Plutôt micromorphologue

 

Géomorphologue ? Plutôt micromorphologue

Jean Bischoff

Source -  http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Seclin/actualite/Secteur_Seclin/2011/04/06/article_au-pied-de-la-collegiale-de-seclin-l-arc.shtml

 

Géomorphologue ? « Plutôt micromorphologue », rectifie d'emblée Irène Beguier, une des spécialistes qui s'affaire sur le chantier de fouilles archéologiques autour de la collégiale Saint-Piat de Seclin. La casquette solidement vissée sur la tête, cette trentenaire originaire de Normandie ne quitte jamais la « panoplie »du parfait archéologue :planche à dessin, truelles, lame de binette et... balayette.

 « C'est indispensable parce qu'il faut que ça soit propre », insiste celle dont la spécialité est « l'étude des sédiments naturels et archéologiques à l'échelle du micron. » Comme nombre de ses collègues, sa passion remonte à sa participation à des recherches bénévoles quand elle avait dix-huit ans. « Au château fort de Pouancé, en Anjou,se souvient-elle. Ça m'a plu de chercher des vestiges et, à partir de là d'arriver à reconstituer un pan d'Histoire » Celle d'Irène, en tout cas, commençait à s'écrire : cinq ans d'études en archéologie et en histoire de l'art à Tours puis à Paris avant de devenir spécialiste d'une discipline peu courue qui lui permet de travailler en indépendante pour l'Institut national de recherches en archéologie préventive, l'INRAP, pour des collectivités et, actuellement, pour la société lilloise Archéopole... Et qui la voit sillonner la France, sa Normandie natale, par exemple, où elle a mené des recherches sur le site de Vieux-la-Romaine. Mais aussi aller bien plus loin puisque, avant de poser sa balayette au pied de la collégiale seclinoise, elle a effectué une mission sur un site néolithique du sultanat d'Oman pour le compte de l'université italienne de Bologne.

« Sur les chantiers de fouilles, il y a des choses qui sont compréhensibles à l'oeil nu, d'autres pas, enchaîne la jeune femme. Mon travail c'est de faire un relevé, de nettoyer et de prélever des échantillons de sédiments qui seront ensuite envoyés dans un laboratoire de la banlieue parisienne, à Grignon, où je les analyserai au microscope. » En clair, après le travail sur le terrain, Irène Beguier se penchera encore pendant trois mois sur l'histoire seclinoise.

Une quête qui lui permettra de savoir comment se sont déposés, ici et là, des sédiments, comment ils ont évolué avec le temps d'avoir, aussi, quelques indications sur le climat, la végétation, les périodes d'occupation humaine et d'abandon. « Ça n'est pas une méthode de datation absolue , précise la spécialiste, mais ça peut permettre de déterminer qu'il y avait un jardin à tel endroit à une certaine époque ou, dans le cas d'un chemin en terre battue, de savoir s'il était abrité ou pas... » En une phrase : « Comprendre l'Histoire à partir du terrain, déceler comment une couche s'est déposée et a évolué. » « C'est un travail scientifique qui ne va pas tout seul et pour lequel il faut être sur le terrain, conclut la micromorphologue. Ici, au pied de la collégiale avec une nécropole dont les plus anciens restes doivent remonter au XIe siècle et, de l'autre côté, une zone d'habitat complexe, il est un peu tôt pour avoir le recul nécessaire. Mais, c'est un site intéressant et dense c'est de l'historique ! » •