Fos-sur-Mer (France): un cimetière antique au pied d'une chapelle

Les archéologues ont mis au jour près de 300 sépultures sur ce site connu mais qui n'avait pas été fouillé

Stéphane Rossi

Source - http://www.laprovence.com/article/actualites/fos-sur-mer-un-cimetiere-antique-au-pied-dune-chapelle

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L'archéologue Catherine Rigeaude sur le chantier des fouilles. Le site sera ouvert, par trois fois, au public. Photo Serge Guéroult

Masquées derrières d'imposantes barricades blanches, une quinzaine de personnes travaillent, sans relâche, depuis le 1er juin dernier, sur un chantier de fouilles archéologique de grande ampleur. Nous sommes à Fos-sur-Mer, et le chantier, dit "de fouilles préventives", a déjà livré beaucoup de secrets autour de la chapelle de Notre-Dame de la Mer.

À l'origine de ces découvertes, figure un projet de restauration de l'église Notre-Dame de la Mer. Ce monument étant classé, des fouilles sont logiquement déclenchées par les services archéologiques de Ouest-Provence. Rapidement, et comme ils s'en doutaient, les archéologues de l'Inrap qui effectuent des sondages en 2010 découvrent, à de petites profondeurs, des sépultures, puis des corps par dizaines.

Rien d'étonnant toutefois puisque la chapelle est bâtie dans les environs immédiats d'un cimetière dont la première activité remonte au IVe siècle après Jésus Christ. "Cette activité s'est poursuivie jusqu'au XVIIIe siècle", dévoile l'archéologue chargée de ces fouilles, Catherine Rigeaude. Pour s'en convaincre, il faut faire le tour du propriétaire pour constater, qu'au fil des siècles, les modes de sépulture ont évolué. Ainsi, alors qu'au IVe ou Ve siècle, le corps était enfoui au sein de tombes rupestre ou recouvert de tuiles, vers le XVIIIe, les linceuls, cercueil et sarcophages font leur apparition.

Vers des études anthropologiques

L'avantage du site de fouilles fosséen c'est que tous les modes de sépultures sont, ici, superposés sur des espaces restreints. "Les corps sont parfois posés les uns sur les autres par couches successives", détaille notre guide.

L'originalité du site c'est aussi qu'il fait apparaître des tombes "familiales" où plusieurs générations de nos ancêtres étaient enfouies au sein de la même sépulture. "On y trouve également beaucoup d'immatures, à savoir des enfants voire des nourrissons, ajoute Catherine Rigeaude. Mais cette découverte est plutôt normale pour cette période dont on sait que la mortalité infantile était très importante."

En effet, à ce jour, rien pour l'heure ne permet de dire si une épidémie quelconque a frappé les lieux. Mais "tous les corps vont faire l'objet d'une étude anthropologique. Elle nous permettra de déterminer si certains ont été frappés par des maladies par exemple, ajoute l'archéologue. Il faut savoir que certaines d'entre elles, comme la syphilis ou la tuberculose, laissent des traces sur les os. Nous avons aussi découvert des traces de fractures sur certains des membres des personnes enfouies dans ce cimetière." Plusieurs objets, comme des alliances, des médailles et autres chapelets, ont également été découverts - et mis en sécurité - lors de cet atelier de fouilles préventives, et qui permettent déjà de situer certains rituels funéraires entre le XVe et le XVIIIe siècle.

Quant aux tombes présentes - des corps enterrés à même la terre dans des fosses sculptées ou des tombeaux maçonnés et autre sarcophages taillés dans la pierre -, elles sont un véritable témoignage des époques traversées.

Ce site "rare et bien conservé", sur lequel les archéologues ont eu "la chance de fouiller sur une grande surface", à l'abri des pressions immobilières, va désormais permettre de compléter les fouilles qui se sont déroulées, dans les années quatre-vingt-dix, dans les quartiers voisins de L'Hauture et de Saint-Gervais. Sa meilleure connaissance devrait, aussi, permettre de compléter l'histoire de la construction et des évolutions successives de la chapelle Notre-Dame de la Mer, avant que ne soit entamée sa restauration.