Faut-il réprimer l'archéologie amateur ?
Nicolas Constans
Source - http://www.larecherche.fr/content/forum/article?id=29468
Interdisons les « poêles à frire » ! réclame l’archéologue français Jean-Paul Jacob. Car les amateurs à la recherche de vieilles pièces de monnaie ou de fibules antiques nuisent à la bonne marche des fouilles. En Grande-Bretagne, on voit les choses de façon bien différente.
Inventés pour le déminage, les détecteurs de métaux ou « poêles à frire » peuvent aussi être utilisés pour rechercher des objets archéologiques métalliques enfouis à une faible profondeur. Une activité prisée des archéologues amateurs. Le nombre de particuliers qui se livrent régulièrement à cette activité en France se situerait entre quelques milliers et 10 000 individus. Comment les qualifier ? Chasseurs de trésor mettant en danger le patrimoine historique ou bien passionnés prêts à coopérer avec les archéologues ? En France et en Grande-Bretagne, on a des vues diamétralement opposées sur la question.
Dans notre pays, cette activité est illégale, à moins d’une autorisation préfectorale. Le législateur a considéré que les creusements anarchiques effectués par les particuliers pour récupérer les objets qu’ils ont détectés détruisent une grande quantité d’informations sur les populations du passé. Pour l’archéologue, en effet, le site doit être indéfriché pour que le chercheur puisse déterminer l’agencement des objets, leur position au sein des couches de sédiments, la présence de restes de plantes invisibles à l’oeil nu, ou de charbons de bois susceptibles d’être datés, etc.
En Angleterre et au pays de Galles, l’utilisation des détecteurs de métaux pour rechercher des objets archéologiques est autorisée. Seules certaines découvertes appelées « trésors » sont réglementées. Par exemple, celles qui comportent une proportion d’or ou d’argent supérieure à 10 % du poids total des objets métalliques. Les trésors doivent être déclarés. Les musées disposent alors d’un droit de préemption pour les acquérir. Pour les autres objets, un système fondé sur le volontariat a été mis en place, le Portable Antiquities Scheme, qui incite les particuliers à déclarer toutes leurs découvertes. Une véritable volonté d’alliance entre professionnels et amateurs.
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