Famars (France) : Les fouilles reprendront ce mois-ci

Les fouilles reprendront ce mois-ci sur Famars, cité gallo-romaine... industrielle

Théodore Terschlusen / Photos INRAP

Source  - http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Valenciennes/actualite/Valenciennes/2012/02/06/article_les-fouilles-reprendront-ce-mois-ci-sur.shtml 

 

À la fin du mois, une trentaine d'archéologues, pas moins, vont reprendre du service au pied du Mont-Houy. Pour, sur le chantier du futur Technopole, situer la véritable importance de l'ancienne cité gallo-romaine de Famars. Une chose est sûre. Elle a été opulente. Très.

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Raphaël Clotuche, archéologue à l'INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives) et Philippe Beaussart, patron du service archéologique municipal, sont d'accord. Sur presque tout. Leurs deux services ont répondu ensemble à l'appel d'offres lancé par Valenciennes Métropole pour mener le chantier de fouilles ouvert sur l'emplacement du futur Technopole, près du Mont-Houy. Oui, disent-ils en choeur, il s'agit bien du plus gros chantier d'un seul tenant, 12 hectares, mené actuellement en France sur une ancienne cité gallo-romaine ; « Un chantier à même de changer l'idée qu'on se fait du fonctionnement d'une cité du nord de la Gaule », juste après César. Non, il ne révolutionnera pas l'Histoire de France. On connaissait depuis longtemps l'importance de Famars dans la Gaule des Romains, au 1er siècle. Depuis le XVIII e siècle, il était clair que Famars, Fanum Martis (Temple de Mars, d'où son nom actuel) était une ville assez grande pour avoir abrité un temple, un théâtre (retrouvé grâce à la photographie aérienne), même un aqueduc. Mais oui, trois fois oui : la nouvelle campagne de fouilles lancée en octobre à Famars, commencée en fait dès 2009 par un diagnostic préventif, a causé un vrai choc. Jamais on n'aurait pensé que la Famars gallo-romaine était à ce point étendue. On la croyait limitée à 40 ha. Maintenant on sait qu'elle était... trois fois plus grande : 150 hectares minimum.

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En fait, les deux archéologues ne se disputent (intellectuellement) que sur un point. Une vraie ville, pour R. Clotuche, bâtie en surface, pas en hauteur.

Plutôt un très gros bourg rural pour Ph. Beaussart.

Querelle d'experts qui n'empêchera pas les deux hommes de manier la pioche ensemble, le printemps revenu. Avec la même gourmandise de découvertes. Car les fouilles commencées étayent et expliquent clairement la richesse passée de Famars. Richesse qu'on subodorait au vu des peintures de style pompéien déjà retrouvées dans les vestiges de maisons luxueuses découvertes lors de campagnes précédentes, dans les années 1980. On sait maintenant, clairement, d'où venaient les sesterces qui ont permis de payer les artistes itinérants, sans doute à prix d'or. De 2009 à 2011, les fouilles ont mis à jour une énorme...zone industrielle, il n'y a pas d'autres mots ; des dizaines d'hectares de batiment « artisanaux » entre l'actuel centre de formation du VAFC et la route de Maing.

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À l'époque gallo-romaine, à l'âge d'or de la Rome antique, Bavay était bien la capitale administrativve et politique du secteur, avec son énorme forum. Mais Famars était elle, clairement, le pôle économique, grâce à l'Escaut tout proche. En fait, une préfiguration de ce qui allait devenir, pour la même raison, la voie fluviale, le bassin industriel du Valenciennois conduisant à Toyota de nos jours. L'Histoire n'invente pas tous les jours, elle se répète souvent.

Nos deux archéologues ne sont pas au bout de leurs découvertes. Les fouilles vont, en 2012, durer neuf mois, puis se prolonger jusqu'en 2014. Sans bloquer le chantier du Technopole, calé sur celui des archéologues. Il n'y a pas d'édifice majeur, genre amphithéâtre, à attendre sur place. Mais des objets du quotidien du Ier au IVe siècle, il y en aura par pleines caisses. Par pleins camions même. •