Esclavolles-Lurey (France):enclos funéraire (fin de l'âge du bronze), occupation domestique gallo-romaine, nécropole mérovingienne

Des sépultures mises au jour dans le sud de la Marne

Grégoire Amir-Tahmasseb

Source -http://www.lunion.presse.fr/article/autres-actus/des-sepultures-mises-au-jour-dans-le-sud-de-la-marne

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À l'entrée de la pièce de Bécheret, à Esclavolles-Lurey, un vaste enclos funéraire datant de l'époque du bronze final a été mis au jour

Les archéologues de l'Inrap terminent cette semaine une fouille à Esclavolles-Lurey au sud de Sézanne dans la Marne. Sur place, un enclos funéraire avec sépulture datant de la fin de l'âge du bronze (-1400 à -800), une occupation domestique de la période gallo-romaine (IVe-Ve siècle) avec quatre sépultures d'enfants, et une nécropole mérovingienne (VIe- VIIIe siècle) comportant près de soixante-dix sépultures.

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On sentirait presque une pointe de déception dans leurs propos. Pourtant les archéologues de l'Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) ont devant eux une magnifique sépulture située au milieu d'un enclos de 18 mètres de diamètre.

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La sépulture aristocratique est composée d'un coffrage de blocs de grès que les archéologues de l'Inrap ont dégagé petit à petit.

Une configuration assez rare remontant à la période du bronze final mise au jour sur des fouilles en cours à Esclavolles-Lurey, aux confins de la Marne et de l'Aube.
Si Arnaud Rémy et son équipe restent mesurés, même s'ils ne boudent tout de même pas leur plaisir, c'est que la sépulture aristocratique avait un potentiel énorme. Mais elle a sans doute été visitée ne laissant plus grand-chose aujourd'hui sur place.
« Lors des quelques découvertes anciennes de ce type d'enclos et fosse centrale, il y avait pas mal de jolis mobiliers dedans, souligne Sandrine Thiol, anthropologue à l'Inrap. Ici, il n'y a que quelques céramiques et petits objets sur le fond. On voit que bien que le squelette a été manipulé. Il manque le bassin et la tête. »
Le pillage de cette tombe ne semble donc faire aucun doute pour cette spécialiste mais pas récemment comme on pourrait le croire. « Cela a dû se faire à l'époque, peu de temps après l'inhumation car la tombe est encore homogène aujourd'hui. On peut supposer qu'elle a été pillée quand on y avait encore un accès facile. A la période de l'âge de bronze, les funérailles se passaient en plusieurs étapes. On inhumait d'abord le corps du défunt puis on le manipulait un peu plus tard avant de refermer totalement la tombe. Est-ce à ce moment ou un peu après que le pillage a eu lieu ? »
Même s'ils n'ont pas trouvé de trésors au fond de la sépulture, cette présence ancienne est source de nombreuses satisfactions pour les archéologues. « Le coffrage est composé de blocs de grès, le tout dans une architecture assez remarquable, souligne Arnaud Rémy, le responsable de la fouille. Souvent on a des enclos mais pas de sépulture au centre comme cela. C'est peu courant. »
Trois découvertes très différentes sur le même site
Difficile par contre de savoir qui était l'occupant des lieux. Un homme ? Une femme ? L'absence de bassin et de tête rend complexe l'identification. Tout juste sait-on que le sujet avait pas mal d'arthrose ce qui pourrait laisser supposer qu'il ne s'agissait pas d'un jeune homme. Les fouilles sur le site Esclavolles-Lurey ont également permis de relever des traces d'une occupation domestique du site à la fin de la période gallo-romaine. Impossible de définir pour l'instant précisément ce qui s'y trouvait mais pas moins de 600 trous de poteaux ont été recensés (pas forcément tous de la même période). Par ailleurs, quatre sépultures d'enfants périnataux (moins d'un mois) ont été découvertes dans des vases.
A ces deux découvertes sur des périodes très différentes s'ajoutent celles de la nécropole du haut Moyen Âge .

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Ce qui fait du site d'Esclavolles-Lurey un endroit particulièrement intéressant pour les archéologues. Entamées à la mi-juin, suite à un diagnostic réalisé en 2008, les fouilles doivent se terminer en ce début de semaine. Six à huit personnes auront travaillé en permanence sur les lieux. Restera à tirer les enseignements de tout ce qui aura été analysé sur place. Arnaud Rémy se donne environ un an pour cela.