Douhet (France) : Le baptistère oublié pourrait remonter au IIIe ou IVe siècle

 

Le baptistère oublié

Il pourrait remonter au IIIe ou IVe siècle. Ce serait le plus ancien connu en France

Source - http://www.sudouest.fr/2011/12/05/le-baptistere-oublie-571806-1391.php 

 

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Jean-Louis Hillairet mène les fouilles autour du lavoir, situé en contrebas sur la photo. photo s. d.

Une découverte majeure. En fouillant autour d'un ancien lavoir, sur la commune du Douhet, l'archéologue Jean-Louis Hillairet et les membres de la Société d'archéologie et d'histoire de la Charente-Maritime pourraient bien être tombés sur un baptistère datant du IIIe ou IVe siècle. Soit le plus ancien connu à ce jour en France. Pour les profanes, un baptistère est un lieu spécifiquement destiné à pratiquer le baptême chez les chrétiens par - à cette époque - une immersion du corps.

« Voilà quelques mois, nous avons eu pour mission de dégager des regards de l'aqueduc antique qui passe à proximité. Un jour où nous étions nombreux, on a eu l'idée de nettoyer cet ancien lavoir creusé dans la roche calcaire », explique l'archéologue et responsable du chantier de fouilles. Le premier signe est alors apparu avec un chrisme dessiné sur une pierre. Ce symbole chrétien est constitué par les deux lettres X (chi) et P (rhô) encadrées par les lettres alpha et oméga.

Ce symbole se voit souvent dans la décoration des églises et… des baptistères. « On a ensuite découvert des poissons également marqués dans la pierre. Ce sont aussi des symboles utilisés du Ier au IVe siècles comme codes secrets par les premiers chrétiens persécutés par les autorités romaines, afin de se reconnaître », renseigne Jean-Louis Hillairet. Cinq dessins ont jusqu'à ce jour été recensés sur le site.

On comprend que, depuis le mois d'octobre, les participants aux fouilles se motivent le samedi matin pour aller creuser, aidés d'une tractopelle. Un élément taillé dans le rocher, qui surplombe le lavoir, pourrait également étayer la thèse d'un baptistère en faisant penser à un fauteuil, avec ses accoudoirs, et une petite marche en forme de repose-pieds.

« C'est ici qu'aurait pu siéger l'évêque pendant les baptêmes. C'est normalement de son trône qu'il devait s'adresser à son peuple, en comparaison avec le Christ, qui enseignait assis », souligne le responsable du chantier de fouilles.

Un lavoir postérieur

Une porte située en haut de l'un des escaliers qui descend au lavoir montre qu'il y avait, de toute évidence, un mur en élévation fermant l'accès au bassin. De quoi laisser penser que le lieu, à un moment donné, a été clos. La profondeur du lavoir est aussi un indice. « D'habitude, ils sont moins profonds. En revanche, si, avant, ça a servi de font baptismal, ça peut se comprendre. Les chrétiens devaient y rentrer entièrement pour le baptême », fait valoir Jean-Louis Hillairet.

Reste la question de l'emplacement, perdu au fin fond des bois, à quelques centaines de mètres d'un lieu-dit appelé Chez Pérot, et non adossé à une cathédrale comme de coutume. « Nous en sommes peut-être encore aux persécutions des chrétiens. Pour vivre leur foi, ces derniers devaient se cacher. Et nous sommes à cet endroit dans un lieu qui se trouve à l'abri des regards », répond l'archéologue.

Si tout ça se confirme, nous sommes donc en présence du baptistère paléochrétien le plus ancien connu à ce jour. « Pour finir de valider cette thèse, il faudrait que l'on trouve des monnaies de l'époque antique ou des céramiques. » La période de fouilles devrait encore durer jusqu'à début 2012. De quoi avoir d'autres surprises.