Déva (Nouvelle-Calédonie) : Une occupation du Ier millénaire av JC

 

NOUVELLE CALEDONIE

Déva -  L’Institut d’archéologie de Nouvelle Calédonie et du Pacifique termine la fouille du terrain où devrait être construit le futur hôtel de Gouaro Deva. Cette zone mesure environ 25 m. par 30 m. , soit quelque 700 m2.

Après avoir été carroyée et partiellement sondée, cette zone a été décapée jusqu’à la limite du sable qui renferme des vestiges datant du premier millénaire avant JC.

 

 

Les archéologues ont mis au jour  toute une série de fours en pierres d’un diamètre allant de 0,50 à 1,50 m., des fosses remplies de coquillages ayant été consommés (coquillages de taille supérieure à ceux trouvés aujourd’hui), des trous de poteaux avec ou sans pierres de calage (simples cabanes de pêche ou véritable village ?) des tessons de poterie.

 

 

Les fouilleurs ont également trouvé les traces de fabrication d’un outillage  (éclats de pierre taillée, principalement de la phtanite venue d’ailleurs)  ainsi qu’un micro-outillage (petites pointes travaillées).

 

 

Enfin, les archéologues  ont découvert six sépultures qui semblent être intrusives (c’est-à-dire postérieures à l’époque où le site était habité). Ces tombes témoignent de  différents modes d’inhumation. Certains morts étaient assis, d’autres couchés sur le côté ou encore ramassés sur eux-mêmes, empaquetés par des lianes ou des nattes aujourd’hui disparues.

 

 

Coutume inhabituelle, une « monnaie » semblait orner la poitrine de l’un des défunts. En effet de nombreuses pendeloques en nacre étaient disséminées entres les côtes de ce squelette incomplet. Ces pendeloques sont trop nombreuses pour appartenir à une monnaie kanak connue de nos jours ; elles seraient à rapprocher des monnaies anciennes décrites par Fritz Sarasin ou Maurice Leenhardt. C’est la première fois que ce type de vestige apparait en Nouvelle Calédonie en lien direct avec une sépulture découverte dans un contexte archéologique. La datation de la nacre de ces pendeloques va contribuer à la connaissance de l’histoire des monnaies.

 

 

Il convient également de noter la présence sur le site d’une quarantaine de perles (de un à deux centimètres de diamètre) taillées dans de petits cônes. Ces perles devaient appartenir à des parures que l’on commence tout juste à identifier, n’étant connues jusqu’à présent que sur deux autres sites (l’Ile des Pins et Bourail).

ARC 100  :  Introduction à l’Archéologie  /  Introduction to Archaeology

La fouille terminée, les archéologues auront un très gros travail de compréhension à effectuer  ayant été confrontés à une stratigraphie  - non pas verticale comme généralement en archéologie – mais horizontale. En effet, quatre années de fouilles à Déva ont montré que l’occupation humaine du bord de mer s’est déplacée avec le rivage, créant ainsi une stratigraphie horizontale originale. Il y a 2500 ans, la côte se situait environ 250 à 300 mètres plus en retrait et l’espace entre la mer et les collines étaient alors restreint. C’est sur les collines, sur les restes d’une petite dune, que les vestiges les plus anciens (datés d’environ 800 à 400 av JC) ont été découverts. Puis la mer se retirant, progressivement entre 400 av JC et l’an 0, s’est installé une nouvelle dune, plus large et plus en avant, offrant un espace habitable plus important. Les hommes ont suivis, abandonnant peu à peu la dune arrière  au profit de la dune avant. C’est cette dune qui contient , à environ 60 mètres du rivage actuel, les traces d’occupation les plus récentes qui disparaissent complètement sur les derniers 40 mètres. Les archéologues en concluent qu’un changement dans l’occupation de l’espace s’est produit au cours du dernier millénaire, les gens ayant sans doute quitté les camps de bord de mer pour de vrais villages littoraux  non repérés à ce jour, ou des villages implantés dans les plaines intérieures ou sur les lignes de crête comme la zone d’habitat identifiée à la forteresse de Gouaro.