Cylindre de Cyrus : la première déclaration des droits de l'homme

 

Le cylindre de Cyrus , un trésor perse de retour en Iran

Source : http://iran.blog.lemonde.fr/2010/09/13/un-tresor-perse-de-retour-en-iran/#xtor=RSS-3208

 

Le Cylindre de Cyrus, trésor perse datant du sixième siècle avant Jésus Christ, souvent considéré comme la plus ancienne déclaration des droits de l’Homme au monde, a été renvoyé en Iran pour quatre mois par le British Museum de Londres, a déclaré vendredi Hamid Baghaei, vice-président iranien et directeur de l’Organisation du tourisme et de l’Héritage culturel.

“Le cylindre de Cyrus qui était gardé au British Museum est arrivé ce matin en Iran (…) Il restera dans le pays pendant quatre mois”, a annoncé M. Baghaie, cité par l’agence Fars, précisant que ce trésor public revient en Iran pour la première fois depuis 40 ans. “Il sera bientôt exposé au public”, a-t-il ajouté.

De nombreux historiens considèrent le Cylindre de Cyrus, découvert en 1879, comme la plus ancienne déclaration des droits de l’Homme au monde. Ce cylindre d’argile comporte une série d’inscriptions cunéiformes représentant une déclaration du roi de Perse Cyrus II écrite après sa conquête de Babylone en 539 avant JC. Elle liste l’ensemble des conquêtes et décrit la capture du dernier roi babylonien Nabonide.

  

L’empire perse achéménide sous Cyrus II

Mais le plus intéressant, est que ces inscriptions décrivent également une série de thèmes persans forts, encore inconnus à l’époque en Occident: la liberté de culte, l’abolition de l’esclavage, la liberté de choix de profession et l’expansion de l’Empire. De la parole aux actes, la déclaration explique également de quelle manière Cyrus le Grand a restauré les temples et sanctuaires, amélioré la vie des citoyens babyloniens et comment l’Empereur a libéré nombre d’esclaves et a facilité leur retour chez eux. Même si cette déclaration ne le mentionne pas, Cyrus II a également libéré à Babylone de nombreux esclaves Juifs, un fait indiqué dans l’Ancien Testament. 

Farvahar, symbole du Zoroastrisme

De nombreux Iraniens, en particulier les jeunes (qui forment les trois quarts de la population), se réfugient dans ce glorieux passé pour évacuer leur immense frustration actuelle. Beaucoup d’entre eux portent notamment autour du cou un pendentif de Farvahar, symbole du Zoroastrisme, religion d’État de l’Empire perse, considérée comme une des premières religions monothéistes au monde.

  

Extraits du Cylindre de Cyrus en akkadien cunéiforme

Traduction de l’extrait de la déclaration de Cyrus le Grand:

« Je suis Cyrus, roi du monde, grand roi, puissant roi, roi de Babylone, roi de Sumer et d’Akkad, roi des quatre quarts, le fils de Cambyse, grand roi, roi d’Anšan, petit-fils de Cyrus, grand roi, roi d’Anšan, descendant de Teispès, grand roi, roi d’Anšan, d’une lignée royale éternelle, dont Bel et Nabû aiment la royauté, dont ils désirent le gouvernement pour le plaisir de leur coeur. Quand je suis entré à Babylone d’une manière pacifique, j’établis ma demeure seigneuriale dans le palais royal au sein des réjouissances et du bonheur. Marduk, le grand seigneur, fixa comme son destin pour moi un coeur magnanime d’un être aimant Babylone, et je m’emploie à sa dévotion au quotidien. Ma vaste armée marcha sur Babylone en paix ; je ne permis à personne d’effrayer les peuples de Sumer et d’Akkad. J’ai recherché le bien-être de la ville de Babylone et de tous ses centres sacrés. Pour ce qui est des citoyens de Babylone, auxquels [Nabonide] avait imposé une corvée n’étant pas le souhait des dieux et ne […] convenant guère [aux citoyens], je soulageai leur lassitude et les libérai de leur service. Marduk, le grand seigneur, se réjouit de mes bonnes actions. Il donna sa gracieuse bénédiction à moi, Cyrus, le roi qui le vénère, et à Cambyse, le fils qui est ma progéniture, et à toute mon armée, et en paix, devant lui, nous nous déplaçâmes en amitié. Par sa parole exaltée, tous les rois qui siègent sur des trônes à travers le monde, de la Mer Supérieure à la Mer Inférieure, qui vivent en des districts fort éloignés, les rois de l’Ouest, qui résident en des tentes, tous, apportèrent leur lourd tribut devant moi et à Babylone embrassèrent mes pieds. De Babylone à Assur et de Suze, Agade, Eshnunna, Zamban, Me-Turnu, Der, d’aussi loin que la région de Gutium, les centres sacrés de l’autre côté du Tigre, dont les sanctuaires avaient été abandonnés pendant longtemps, je retournai les images des dieux, qui avaient résidé [à Babylone], à leur place et je les laissai résider en leurs demeures éternelles. Je rassemblai tous leurs habitants et leur redonnai leurs résidences. En plus, sur commande de Marduk, le grand seigneur, j’installai en leurs habitats, en d’agréables demeures, les dieux de Sumer et Akkad, que Nabonide, provoquant la colère du seigneur des dieux, avait apportés à Babylone. Puissent tous les dieux que j’installai dans leurs centres sacrés demander quotidiennement à Bel et Nabû que mes jours soient longs, et puissent-ils intercéder pour mon bien-être. […] Le peuple de Babylone bénit mon règne, et j’établis toutes les terres en de pacifiques demeures ».

Cyrus le Grand

Aujourd’hui, une réplique du Cylindre est toujours conservé au quartier général des Nations Unies à New York, au second étage, entre les chambres du Conseil de Sécurité et du Conseil économique et social de l’ONU.

L’original a quant à lui toujours reposé au British Museum de Londres depuis sa découverte en 1879.