Ces drôles de Gaulois...

Ces drôles de Gaulois...

Laurent Ribadeau Dumas

Source -   http://culture.france2.fr/patrimoine/actu/ces-droles-de-gaulois-69833322.html 

Statue d'aristocrate (?) héroïsé, assis en tailleur, IIIe siècle av. J.-C, découvert à Roquepertuse (Bouches-du-Rhône) - Musée d'archéologie méditerranéenne © Cliché D. Giancatarina

On dit d'eux qu'ils avaient peur que le ciel leur tombe sur la tête. Mais qui étaient-ils donc, ces Gaulois ?

Deux expositions, l'une qui a commencé au musée archéologique de Lattes (Hérault), l'autre, prévue à l'automne à la Cité des sciences à La Villette à Paris, remettent dans l'actualité ceux que l'image d'Epinal présente comme "nos ancêtres".
Elles viennent aussi modifier certains clichés sur une civilisation à la fois complexe et proche de nous... Ces expositions sont complémentaires. La première insiste davantage sur les pratiques religieuses, politiques et sociales des populations du sud de la Gaule. La seconde évoque surtout la Gaule du nord, grosso modo celle de Vercingétorix. Il faut en effet savoir qu'il n'y a pas un monde gaulois, mais des mondes gaulois avec des noms qui varient selon les époques et les spécialistes. En fonction des sources scientifiques, les populations méridionales sont ainsi parfois qualifiées de "gauloises, de "celto-ligures", ou de "celtes". Certains spécialistes ont sur le sujet des débats passionnés qui échappent quelque peu au profane... 

"Des rites et des hommes" au musée Henri Prades à Lattes (Hérault)

 

Apparemment, le sud de la Gaule a été influencée par les Ibères, cette extraordinaire civilisation de la péninsule ibérique, elle-même largement influencée par les Phéniciens, et dans une moindre mesure, les Grecs. D'où la présentation au musée Henri Prades d'éléments venus d'Espagne.
L'exposition propose un voyage de 700 à 30 avant J.-C. entre Hyères en France et Valence en Espagne. Objectif: initier le visiteur aux pratiques sociales, politiques et religieuses des populations locales de l'époque. On y découvre ainsi que les Gaulois locaux ne correspondent pas forcément à une l'image populaire du "gentil", notamment véhiculée par les albums d'Uderzo et Goscinny. De fait, ils... découpaient, clouaient et exhibaient les têtes de leurs ennemis tués au combat, comme le prouvent des sortes de portiques-linteaux exhibant des crânes humains. Des restes de ces curieux monuments, venus des sites d'Entremont, de Roquepertuse et Glanum (Bouches-du-Rhône), sont ainsi présentés dans l'exposition (1).
Petite précision pour atténuer cette image d'apparente cruauté: la décapitation des ennemis se faisait probablement après la mort. Probablement. Car pour l'instant, nulle preuve scientifique ne vient conforter cette thèse avec certitude...

  

Proposition de reconstitution d'un portique celte au musée Henri Prades -(c) Montpellier Agglomération
Le voyage propose une sélection de 170 pièces provenant de 25 sites archéologiques différents, dont une bonne partie issue de fouilles récentes. Parmi ces objets: des sculptures, des vases votifs, des stèles des armes et, donc, des restes humains. On admirera particulièrement ces statues d'aristocrates héroïsés accroupis ou assis en tailleur (photo du haut de la page), qui rappellent les postures de statues égyptiennes ou orientales antiques.
La visite est agrémentée de cinq films et d'une reconstitution en 3D. Elle s'achève dans l'intimité des maisons et de leurs habitants. On y découvra comment ces populations se protégeaient du mauvais œil et quels animaux ils sacrifiaient pour remercier les dieux et les forces naturelles.
Du 9 juillet 2011 au 8 janvier 2012 au  musée Henri Prades


"Gaulois, une exposition renversante" à la Cité des sciences à Paris

 

A partir du 19 octobre 2011, la société gauloise sera l'objet de la grande exposition temporaire de la Cité des sciences à La Villette à Paris, en co-production avec l'Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP). Là encore, une manière de "bousculer les lieux communs et représentations caricaturales"  (coucou Astérix !) sur les Gaulois grâce aux découvertes archéologiques de ces 20 dernières années, comme l'explique le communiqué de l'INRAP. Il s'agit donc de "renverser" l'image que nous avons de "nos ancêtres"...   Le tout se fera selon une démarche très grand public, selon la philosophie en vigueur à la Cité des sciences. Le visiteur se verra ainsi offrir plusieurs postures: complice, enquêteur, découvreur, spectateur... L'exposition aura pour objectif de présenter des données très concrètes sur l'habitat, la vie quotidienne, l'agriculture, l'organisation sociale et territoriale, la religion. Notamment grâce à des reconstitutions de tombes et d'un sanctuaire. Avec en prologue une galerie de portraits ...de Jules César à Napoléon III et Astérix, et une quarantaine de tableaux, sculptures et chansons évoquant les Gaulois. L'ensemble s'appuie sur une collection d'objets insolites. A commencer par la présentation du "trésor de Tintignac", du nom d'une commune de Corrèze où il a été découvert en 2004. Ledit trésor (de guerre) est composé de casques, d'épées brisées ou tordues, d'une pièce de bouclier, de plaques d'enseignes cassées. Et surtout de cinq "carnyx", grandes trompettes de guerre servant à effrayer l'adversaire. Renversant, on vous dit ! 

Du 19 octobre 2011 au 2 septembre 2012 à la Cité des sciences

Linteau aux chevaux, peint et gravé, IIIe siècle av. J.-C., découvert sur le site de Roquepertuse (Bouches-du-Rhône) (Musée d¿archéologie méditerranéenne © Cliché D. Giancatarina)

 

Gaulois, une exposition renversante

Source - http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Actualites/Communiques-de-presse/Les-derniers-communiques/Communiques-nationaux/p-13419-Gaulois-une-exposition-renversante.htm 

La nouvelle exposition temporaire de la Cité des sciences et de l’industrie du 19 octobre 2011 au 2 septembre 2012.
En partenariat avec le Ministère de la culture et de la communication, en co-production avec l'Inrap, et en co-production pour l'itinérance avec le Forum départemental des sciences de Villeneuve-d'Ascq et le Pavillon des sciences de Montbéliard.

Pour la rentrée 2011, la grande exposition temporaire de la Cité des sciences bouscule les idées reçues sur les Gaulois, grâce aux découvertes archéologiques de ces 20 dernières années. En s’appuyant sur une démarche scientifique pluridisciplinaire et des muséographies variées, adaptées à tous les âges, l’exposition révolutionne les connaissances sur les Gaulois et redonne toute sa place à la civilisation gauloise qui est à la fois complexe et très proche de nous. L’exposition est un parcours en 5 séquences fortement différenciées où l’ambiance muséographique et scénographique propose, tour à tour, au visiteur, plusieurs postures : complice, enquêteur, découvreur, spectateur. Scénographes, réalisateurs, artistes, illustrateurs et scientifiques conjuguent leurs talents pour mettre en exergue les contenus et permettre aux visiteurs d’appréhender toute la richesse des sociétés gauloises.

Comment sait-on tout ce que l’on sait aujourd'hui sur les Gaulois ?

Le renouvellement des données, dues en particulier aux grandes fouilles préventives conduites par l’Inrap, a transformé en profondeur le savoir sur la période gauloise et a permis de :

  • bousculer les lieux communs et représentations caricaturales sur le sujet
  • partager des connaissances très concrètes sur l’habitat, la vie quotidienne, l’agriculture, l’organisation sociale et territoriale
  • présenter une collection d’objets gaulois insolites, comme le « Trésor de Tintignac »

L’exposition en 5 parties :

1. La galerie de portraits est un prologue, qui plonge le visiteur au centre d’une quarantaine de tableaux, sculptures, chansons évoquant les Gaulois. De Jules César à Lavisse, de Napoléon III à Astérix, le visiteur côtoie toutes ces représentations et tente de les déchiffrer.
2. De la fouille aux labos, le visiteur endosse le rôle de l’archéologue en participant à un chantier de fouille. Il utilise les outils de l’archéologue, apprend sa gestuelle et met au jour « pour de vrai » des vestiges gaulois. Ensuite, pour analyser ces découvertes et trouver des réponses sur le monde gaulois, sept ateliers lui proposent des éléments interactifs : Thématiques gauloises et sciences de l’archéologie se conjuguent pour donner à voir et à faire !
3. De la fouille au musée : grâce à des reconstitutions et des décors de quatre tombes et d’un sanctuaire, le visiteur découvre les rites et pratiques de la religion gauloise. En écho, une collection d’objets insolites est présentée, preuve irréfutable de la sophistication de ces sociétés.
4. La restitution est un spectacle audiovisuel qui raconte la vie gauloise dans une scénarisation originale où l’un des acteurs du film semble vouloir s’échapper d’un documentaire. Sur un mode humoristique et original, l’essentiel des savoirs actuels sur les sociétés gauloises est ainsi synthétisé dans un spectacle d’une dizaine de minutes.
5. Adieu le mythe ? L’épilogue fait écho au prologue. Si l’histoire se fabrique, des mystères demeurent et la science est toujours en marche   L’exposition est accompagné d’un livre-catalogue, « Qui étaient les Gaulois ? », coédité par les Editions de La Martinière et Universcience Editions, sous la direction de François Malrain et Matthieu Poux.