Castelnau-le-Lez (France): Sur la colline de Substantion, découverte de l’église médiévale et de son cimetière

INRAP

Source - http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Actualites/Communiques-de-presse/p-19896-Sur-la-colline-de-Substantion-a-Castelnau-le-Lez-decouverte-de-l-eglise-medievale-et-de-son-cimetiere.htm

Préalablement à la construction d’une habitation sur la commune de Castelnau-le-Lez (Hérault), l’État (Drac Languedoc-Roussillon) a prescrit une fouille préventive afin d’étudier un site où l’occupation médiévale, une église et son cimetière, se superpose aux vestiges de la ville gauloise. 
Ces recherches, financées par l’État, au travers de la procédure du Fnap (Fonds national pour l’archéologie préventive), sont menées par une équipe d’archéologues de l’Inrap pour une durée de sept mois, jusqu’en janvier 2016. 

La colline de Substantion

C’est sur la colline de Substantion, dominant au nord-ouest le centre actuel de Castelnau-le-Lez, que se trouve l’origine de la ville. Connue dans l’Antiquité sous le nom de Sextantio, l’agglomération fortifiée est occupée dès le début du premier millénaire avant notre ère (âge du Bronze final). Durant la période romaine, la ville se concentre sur la partie méridionale du plateau, à proximité de la voie Domitienne, dont elle contrôle le franchissement du Lez. Plusieurs sources textuelles du haut Moyen Âge mentionnent Sextantio/Substantion comme un centre important. La question d’un siège épiscopal et comtal dès cette période reste posée, tandis qu’aucun indice archéologique ne permet pour l’instant de localiser le castrum carolingien. À partir du XIe siècle, l’agglomération médiévale prend le nom de Castellum novum, dont est issu le vocable actuel. 

L’église médiévale …

Une partie d’un édifice de culte est comprise dans la zone actuellement étudiée. Délimité par des murs massifs, le bâtiment mesure 17,30 m de long pour une largeur supérieure à 8 m. Des modifications dans les maçonneries témoignent de la reprise de l’édifice : le sol a été abaissé, l’entrée modifiée, des piliers ajoutés. Des caveaux sont également aménagés à l’intérieur. 

670x510 10525 vignette castelnau 001Vestiges de l’église et vue d’un caveau (droite). © Isabelle Daveau, Inrap.

La datation et l’identification de l’église ne sont pas encore assurées. Il pourrait s’agir de l’église Saint-Félix, mentionnée dans les textes du XIIe siècle, ou encore de Saint-Jean de Substantion, citée au début du siècle suivant. Sa désaffectation intervient à la période moderne : une partie des caveaux est alors vidée, les ossements transférés en un autre lieu. Des blocs ornés, rattachables stylistiquement aux VIIIe-IXe siècles, sont réutilisés dans la construction de l’église ou dans les tombes du cimetière. Ils pourraient signaler l’existence d’un premier édifice, remplacé par la nouvelle église. La suite de la fouille éclairera les archéologues sur ce point. 

et son cimetière

670x510 10528 vignette castelnau 034Fouille de deux sépultures, dont une en coffre. © Rémi Bénali, Inrap.

Autour de l’église, les tombes se multiplient, installées en plusieurs niveaux successifs. Leur nombre pourrait atteindre 300. Durant les premières phases, encore non datées, les défunts sont inhumés dans des fosses aux parois confortées par des dalles de calcaire ou des tuiles plates, voire dans des coffrages maçonnés ou des sarcophages. Des dalles posées à plat servent de couverture.

670x510 10526 vignette castelnau 003Une tombe en coffre. © Rémi Bénali, Inrap.

Lors de l’ultime phase d’utilisation du cimetière, les corps, éventuellement déposés dans des cercueils, sont enterrés dans de simples fosses creusées dans la terre. Une datation radiocarbone, réalisée sur une des tombes tardives, montre qu’on inhumait encore à Substantion à la fin du XVesiècle ou au début du XVIe siècle. 

670x510 10529 vignette castelnau 060Détail d’une tombe avec un bloc orné. Le bloc a été réutilisé, il devait correspondre à un premier édifice de culte fouillé sur le site.  © Rémi Bénali, Inrap.
Ce cimetière se singularise par une très forte proportion de tombes d’enfants (85 % des sujets inhumés). Cette particularité, commune aux différentes phases, laisse envisager un culte spécifique attaché à cette église ou à cette partie de la nécropole. 

670x510 10527 vignette castelnau 022Détail d’une sépulture d’enfant en cours de fouille. © Rémi Bénali, Inrap.

À l’issue de l’étude du cimetière, la fouille abordera une partie de la ville gauloise. Les sondages de reconnaissances témoignent d’ores et déjà de plusieurs niveaux de construction se succédant entre 1000 et 300 avant notre ère. 

Aménagement : Habitation privée

Contrôle scientifique : Drac Languedoc-Roussillon - service régional de l’Archéologie

Recherche archéologique : Inrap

Responsable scientifique : Isabelle Daveau, Inrap