Awenig Marie
Source - http://www.ouest-france.fr/carhaix-plus-grande-ville-bretonne-il-y-dix-huit-siecles-3651627
Lors de la fouille de la réserve archéologique, en 2006, les chercheurs découvrent les vestiges antiques d'une habitation gallo-romaine modeste. | Ouest-France
C'est au début du Ier siècle qu'est fondé Carhaix. Vorgium, son nom à l'époque, était une des villes les plus importantes de la péninsule bretonne.
Nous sommes au IIIe siècle après Jésus-Christ, il y a dix-huit siècles. Carhaix, en plein centre Bretagne, était le centre névralgique du territoire, au même titre que Rennes, Vannes ou Corseul. Alors appelée Vorgium, la ville était le chef-lieu des Osismes, le peuple qui occupait l'actuel Finistère et la partie ouest des Côtes-d'Armor.
L'histoire de Vorgium est mouvementée. La ville est en fait fondée par les Romains, après leur conquête des territoires gaulois, entre 58 et 51 av. J.-C. « Le peuple des Osismes existait avant l'arrivée des conquérants romains, mais pas la ville », explique Gaétan Le Cloirec, un des archéologues qui a mené les premières fouilles, dans les années 1990. Le choix du lieu n'était pas anodin : « C'est un site en hauteur, proche d'un cours d'eau, qui permettait notamment de rejeter les eaux usées. »
Fêtes et foires à Carhaix
Après la création de Vorgium par l'Empire romain, les Osismes, d'origine gauloise, sont invités à rejoindre la ville. Une autorité administrative et politique se met alors en place. « Ce sont probablement des notables issus des grandes familles gauloises qui en assurent le contrôle », note Gaétan Le Cloriec. Des thermes et un théâtre sont certainement construits, même si les archéologues n'en ont pas encore trouvé la trace.
Progressivement, Vorgium devient un lieu d'échange commercial. Une vie politique, judiciaire et culturelle s'y développe. « Beaucoup d'Osismes se retrouvent à Carhaix, notamment pour les fêtes et les foires », explique l'archéologue, qui confie ne pas pouvoir évaluer le nombre exact d'habitants : « On connaît la surface de la ville, une centaine d'hectares, mais on évalue encore mal la densité de l'occupation. »
Une ville importante
Quelques années après la conquête romaine, la ville se développe avec des constructions en bois, puis en pierre. « Il y a une première période d'apogée au IIe siècle de notre ère, puis une seconde, au IIIe siècle. La ville évolue en fonction des problèmes politiques de l'Empire », retrace Gaétan Le Cloirec. C'est à cette période que des constructions importantes sont réalisées, comme un aqueduc de 27 kilomètres de long, dont certaines parties sont encore visibles aujourd'hui.
Malgré le fait que Vorgium se trouve aux confins de l'Empire romain, sa place régionale est considérable. Comparée aux trois autres villes gallo-romaines de l'époque, Carhaix « bénéficie de la superficie la plus importante ».
Assimilés par les Romains
Après la conquête romaine, les Osmises vont peu à peu perdre leur identité celtique. « En quelques générations, les Gaulois deviennent Romains, que ce soit au niveau de la religion ou du mode de vie », remarque Gaétan Le Cloirec. Les seules révoltes dont les historiens ont trace, souvent fiscales, sont finalement assez limitées.
Pour autant, la culture gauloise n'est pas enterrée. « Les Romains s'adaptent au territoire qu'ils conquièrent en assimilant, par exemple, les divinités locales », précise l'archéologue. Le dieu romain de la guerre, Mars, se confond par exemple avec la divinité gauloise Mullo.
Une assimilation qui ne durera qu'un temps. Carhaix va perdre sa position dominante, au milieu du IVe siècle, quand l'Empire romain commence à décliner. Loin de la côte atlantique, la ville va devenir de moins en moins stratégique.