Une décennie d’archéologie préventive au Cameroun
Source - http://www.ird.fr/toute-l-actualite/actualites/communiques-et-dossiers-de-presse/une-decennie-d-archeologie-preventive-au-cameroun
Les 21 et 22 mai 2011 se tiendront les Journées de l’archéologie, sous le thème « De la fouille au musée ». A cette occasion, l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) fait le point sur une décennie de travaux d’archéologie préventive et de sauvetage menés par des chercheurs de l’UMR Patrimoines locaux (PALOC) au Cameroun, entre 2000 et 2010.
Archéologie préventive, priorité du Nord et des Suds
Les travaux d’aménagement du territoire peuvent endommager le patrimoine archéologique d’une région, en détruisant les vestiges enfouis dans le sous-sol. Développée en Europe à partir des années 1970, l’archéologie préventive a pour but de détecter et de préserver des éléments de patrimoine archéologique menacés. Elle permet, grâce au travail des scientifiques, de sauvegarder des vestiges du sous-sol, véritables archives et témoins du passé des civilisations.
La règlementation concernant l’archéologie préventive se développe dans de nombreux pays, même si aucun texte contraignant n’existe au niveau international. En Europe par exemple, la Convention de Malte pour la protection du patrimoine archéologique, signée en 1992, fait référence. Les pays des Suds sont eux aussi de plus en plus concernés par cette problématique. En effet, les politiques de grands travaux et d’aménagement du territoire se multiplient et associent parfois les scientifiques, de façon à concilier développement économique et conservation du patrimoine.
Une décennie d’archéologie de sauvetage et préventive au Cameroun
© IRD/ Richard Oslisly Fouilles archéologiques avec les doctorants de l'UMR PALOC au Cameroun
Des chercheurs de l’IRD, appartenant à l’UMR PALOC, viennent de publier une synthèse 1 de leurs travaux d’archéologie préventive, menés au Cameroun entre 2000 et 2010. Ces recherches ont été réalisées lors de grands projets d’infrastructures (pipe-line Tchad-Cameroun, axe routier Bertoua-Garoua-Boulai, centrale thermique de Dibamba et de Kribi …), en partenariat avec les autorités politiques et scientifiques nationales, et avec le soutien de bailleurs de fonds (Banque mondiale, Union Européenne, Agence française de développement, Banque africaine de développement, organisations non gouvernementales…). Elles ont permis de découvrir des milliers de sites et de vestiges archéologiques jusque-là inconnus ou inaccessibles, et de collecter des donnés historiques exceptionnelles .
Résultats et perspectives
© IRD/ Richard Oslisly Pointes de flèches en fer découvertes lors de fouilles à Kribi, Cameroun
Grâce aux vestiges découverts, les chercheurs ont pu préciser la période de peuplement ancien camerounais, remontant à 30 000 ans avant notre ère . Ils ont identifié plusieurs phases d’occupation, rattachées à l’âge de la Pierre récent, au stade néolithique, à l’âge du Fer et à la période précoloniale . Par ailleurs, l’archéologie préventive participe à la formation d’étudiants (doctorats et masters en cours de soutenance) et à l’amélioration des pratiques et méthodes . Désormais source d’emplois, elle encourage la valorisation du patrimoine historique et culturel . Cette expérience positive ne doit pas faire oublier que l’archéologie préventive reste encore le « parent pauvre » de l’archéologie. En effet, le cadre législatif doit être renforcé au niveau national, régional et international, et des actions de sensibilisation du grand public sont nécessaires. Ainsi, du 24 au 26 mai 2011, les chercheurs de l’IRD présenteront les résultats de leurs recherches lors d’un colloque consacré à l’archéologie préventive et de sauvetage organisé à Yaoundé.
1. Une décennie d’archéologie de sauvetage et préventive au Cameroun (2000-2010), Les nouvelles de l’archéologie n°120-121, septembre 2010.