Cadereau du Valadas (France): Découverte d’un établissement du Haut-Empire, dans la plaine de Nîmes

INRAP

Source - http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Actualites/Communiques-de-presse/p-17101-Decouverte-d-un-etablissement-du-Haut-Empire-dans-la-plaine-de-Nimes.htm

En amont de la réalisation, par la mairie de Nîmes, du futur lit du cadereau du Valadas, l’État (Drac Languedoc-Roussillon) a prescrit une fouille archéologique préventive sur une superficie de 5 000 m² afin d’étudier les vestiges d’une occupation antique dans le plaine de Nîmes (Gard). C’est dans ce cadre qu’une dizaine d’archéologues de l’Inrap mène les recherches depuis le début du mois de septembre et jusqu’à la mi-novembre. 

L’identification d’un important établissement du Haut-Empire

Si le diagnostic archéologique mené par les archéologues de l’Inrap en 2010 avait révélé la présence de quelques constructions (murs, cuve) datées de la période antique, les premiers résultats de la fouille en cours ont non seulement confirmé ces découvertes mais révélé cette fois une densité très importante de vestiges. Ils semblent caractériser un vaste établissement d’époque romaine (Haut-Empire) dont l’installation dans la plaine de Nîmes remonte au Ier ou IIe siècle de notre ère. L’emprise du futur ouvrage, sur laquelle portent les recherches, a permis d’appréhender seulement une petite partie de cette propriété qui s’étend vraisemblablement plus largement de chaque côté, vers le nord et le sud. Toutefois, la répartition des structures découvertes (sols de bâtiments, murs, bassins, canalisations, collecteurs…) autorise déjà à proposer quelques lignes directrices de cette occupation antique. 

Habitat, réseau hydraulique, bassins, jardin… les vestiges d’espaces d’agrément

L’habitat, dont la superficie observée concerne environ 4 000 m², s’organise en plusieurs secteurs, répartis sur une longueur de
200 m. Orienté nord-sud, il est composé au nord d’un corps de bâtiment en angle formé de plusieurs pièces séparées par des couloirs. Leurs sols construits (béton calcaire), bien préservés, sont délimités par des murs en pierres dont les fondations, et parfois même quelques assises des élévations, sont toujours visibles. Un réseau hydraulique complexe, composé de canalisations, de collecteurs, de tuyaux en plomb (découverts encore en place dans des conduites souterraines maçonnées), borne ce secteur à l’est. Il permet la circulation et l’évacuation des eaux vers le sud, en direction d’un point bas situé hors de la zone de fouille. 
À l’opposé, côté sud, un second corps de bâtiment est formé d’une longue galerie munie de plusieurs supports en pierre dont l’agencement pourrait évoquer un portique. 
Au centre, l’espace est occupé par deux dispositifs successifs de bassins, situés au sein d’un jardin d’agrément. Un premier bassin, très vaste (200 m2), est équipé d’un sol mosaïqué sans décor, formé de tesselles blanches. De forme rectangulaire (20 x 10 m), il présente au nord une abside dont le sol en revanche n’a pas été préservé. Cette structure initiale est ensuite abandonnée et totalement remplacée par deux autres bassins situés plus en hauteur, l’un en mortier de tuileau, le second sans doute en opus spicatum (le matériau est disposé en épi de blé).   

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Tuiles (tegulae) formant un dispositif d’évacuation de l’eau du second bassin implanté au centre du  bassin primitif. © Cécile Martinez, Inrap 2013

Un jardin, présent tout autour des bassins et limité par les deux corps de bâtiment, est quant à lui évoqué par des fosses de plantation d’arbres matures et de haies, à vocation décorative, ainsi que par plusieurs vases et pots de fleurs retrouvés en place. 
Enfin l’extrémité septentrionale du site a également livré les restes d’un probable chai dans lequel ont été identifiés deux cuves et plusieurs dolia pouvant servir à stocker le vin. 
Une partie du site est abandonnée dès le IIIe siècle de notre ère, puis sans doute définitivement à la fin du IVe siècle, comme l’atteste, en limite méridionale du site, une zone funéraire (regroupant une dizaine de tombe) qui à cette époque était souvent installée à proximité de ruines ou d’habitat abandonné. 
Ces nombreux vestiges caractérisent ainsi des espaces d’agrément, de déambulation, généralement situés à proximité des lieux de vie. 

Une nouvelle avancée dans la connaissance des grands établissements ruraux antiques de la plaine de Nîmes

 La découverte de ce site relance les débats sur l’occupation de la plaine de Nîmes durant les deux premiers siècles de notre ère. Elle met en évidence, avec le site de Miremand étudié en 2010 et distant de quelques centaines de mètres, la présence de grands établissements ruraux à proximité de la voie Domitienne (actuelle route de Beaucaire). Elle souligne aussi la capacité des occupants à se soustraire des contraintes d’une eau omniprésente dans ce secteur géographique déjà très sensible à l’époque, en drainant les terres, en imaginant des dispositifs complexes de circulation des eaux, mais également en offrant des réponses opportunistes à l’utilisation de cette ressource naturelle et de l’énergie considérable qu’elle peut procurer dans le cadre de productions artisanales par exemple. 

Aménagement :Ville de Nîmes 

Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’Archéologie (Drac Languedoc-Roussillon) 

Recherche archéologique :Inrap 

Responsable d’opération : Philippe Cayn, Inrap