Boulogne sur Mer (France): la crypte de la basilique Notre-Dame

Sous la crypte de la basilique Notre-Dame, l'histoire de Boulogne

Florence Pecriaux

Source - http://www.lejournaldesflandres.fr/actualite/Region/Cote_d_opale/2012/06/21/sous-la-crypte-de-la-basilique-notre-dam.shtml

 980138-sous-la-cr-4fe1efbf-jpg.jpg

Il faudra deux à trois ans d'étude et d'analyse pour tirer tous les enseignements des découvertes des fouilles réalisées dans la crypte.

Ce week-end, les Boulonnais auront l'unique chance de découvrir le chantier de fouilles qui se déroule dans la crypte de la basilique Notre-Dame.
Dès l'entrée de la crypte, un anthropologue est à l'oeuvre.  A ses pieds, le sol dévoile ses secrets comme autopsié, avec méthode et rigueur. Dans le couloir collatéral sud, une autre scientifique note scrupuleusement ses trouvailles. Depuis plusieurs semaines, les archéologues de l'Institut National de Recherches archéologiques préventives (INRAP) mènent un important chantier de fouilles au coeur de la crypte, suite à un premier diagnostic prometteur mené au début 2011. « Il s'agit de fouilles préventives sur les zones qui sont concernées par le projet d'aménagement de la crypte mené par la Ville de Boulogne », précise Olivier Blamangin, responsable scientifique du chantier. Il poursuit : « Nous pouvons déjà dire que les vestiges mis à jour sont très bien conservés et présentent un grand intérêt scientifique. » Pour les scientifiques, le lieu en soi est pour le moins extraordinaire. « On a plus l'habitude de travailler en plein air, sur des zones appelées à être construites... En plus, cela présente quelques défis techniques. Il a fallu par exemple faire descendre une pelleteuse : c'est passé à quelques centimètres près ! » 
2 000 ans de vestiges 
Une fois la dalle ôtée, se dévoile aux regards des scientifiques différentes strates d'histoire, selon l'endroit. « La plus grande partie de la crypte a été creusée au milieu du XIXème siècle, au moment de la construction de la basilique. Ça a été fait sur les fondations de l'ancienne église médiévale. Elle-même a été construite au-dessus de fondations de bâtiments romains. En additionnant les différents points de fouille, on balaie 2000 ans d'histoire ! » Effectivement, dans la galerie collatérale sud, les archéologues n'ont pas eu à beaucoup creuser pour retrouver la base d'un mur datant des Romains ! «  Au 19e siècle, ils avaient déjà mis à jour les bases d'un bâtiment de 20 mètres sur 10 », observe Olivier Blamangin. La haute ville étant construite là où s'érigeait le camp romain de la Classis Britannica, la flotte de Bretagne chargée de faire la police dans le détroit, il en a été déduit qu'en lieu et place de la basilique se tenait une caserne. Nous sommes là au 3e siècle de notre ère.
Pour autant, la fonction du bâtiment aujourd'hui mis au jour laisse place à plusieurs hypothèses. « L'épaisseur du mur, très bien conservé, environ 1,5 m, suggère qu'il s'agit d'un bâtiment monumental. On a longtemps pensé qu'il s'agissait d'un temple, nous avons ensuite pensé à un entrepôt.
Mais il faut continuer les recherches 
», souligne le responsable.
Dans une autre salle, les archéologues ont touché au sol même qu'ont foulé les Romains. « C'est le niveau le plus ancien, environ du milieu du 1er siècle. Cela prouve que la haute ville était occupée à l'époque, ce qui est inédit en haute-ville ». A plusieurs endroits de la crypte, les ossuaires en disent aussi beaucoup sur la vie et la mort... des Boulonnais des différentes époques. « Dans l'un des ossuaires, on retrouve les restes d'hommes, majoritairement, sans doute des ecclésiastiques. Ailleurs, il s'agit d'un ossuaire constitué lors de la réduction de sépultures. Il s'agit du cimetière paroissial de l'ancienne église médiévale... » Le jardin du presbytère et l'enclos de l'évêché font également l'objet de fouilles. Pour les archéologues, la crypte et ses environs n'ont pas fini de révéler leurs secrets.