Berlusconi rend pénis et bras à des statues antiques

 

Berlusconi rend pénis et bras à des statues antiques

Ces statues en marbre, représentant Marc et Vénus et datant de 175 après Jésus-Christ se trouvent au Palais Chigi, siège du gouvernement italie.

Source : http://www.liberation.fr/monde/01012303058-berlusconi-rend-penis-et-bras-a-des-statues-antiques

 

Les statues de Vénus et Mars avant et après restauration. (REUTERS)

Il se lassait de croiser au Palais Chigi, siège du gouvernement italien à Rome, une statue de Mars privée de pénis et une autre de Vénus sans bras. Voilà que Silvio Berlusconi leur a restitué leurs membres, en dépit de règles de restauration très strictes, comme l’indique, ce jeudi, le journal La Repubblica.

Ce groupe de statues en marbre, installé depuis février dans le portique d’honneur du Palazzo Chigi, a en outre bénéficié d’un autre traitement peu orthodoxe: il a été installé devant un fond bleu azur très kitsch, un choix de l’architecte personnel du Cavaliere, Mario Catalano.

Datant de 175 après Jésus-Christ et retrouvé en 1918 à Ostie, près de Rome, ce groupe de 1,4 tonne, haut de 2,28 mètres, représente le dieu de la Guerre sous les traits de l’empereur Marc-Aurèle et la déesse de l’Amour sous ceux de sa femme Faustine. Déjà, le transfert de l’oeuvre du Musée romain des Thermes de Dioclétien dans le palais où travaille Berlusconi avait créé quelques remous.

«Chirurgie esthétique»

L’intervention demandée expressément par le président du Conseil et son architecte personnel, est en totale contradiction avec les règles drastiques entourant, en Italie, la restauration d’oeuvres aussi sensibles. Celles-ci prévoient notamment que les restaurations ne doivent pas tromper le spectateur et montrer la différence entre ce qui est vraiment original et ce qui a été restauré.

«Pourquoi les sculptures en Chine ont l’air d’être neuves alors qu’aux nôtres manquent des bras et des têtes?» avait demandé Berlusconi à son architecte lorsque la statue lui avait été livrée, raconte La Repubblica.

Alors que le ministère de la Culture a subi des coupes drastiques (-46% pour 2011), le coût de ce lifting (70.000 euros) fait polémique, d’autant que l’effondrement de la Maison des Gladiateurs à Pompéi, le 6 novembre, a fait scandale et montré le piètre état de nombreux sites.

Le Parti démocrate PD, (gauche, opposition) a interpellé le ministre de la Culture, Sandro Bondi, lui reprochant de «faire céder son ministère aux caprices et aux folies du président du Conseil». «Que Bondi nous dise s’il est normal qu’en violation de la législation en vigueur, le célèbre groupe en marbre (ait été soumis) à une véritable intervention de chirurgie esthétique», s’est enflammée une députée PD en charge de la culture, Manuela Ghizzoni.

(Source AFP)