Bagneux-la-Fosse (France): Des bâtisses de l’époque gallo-romaine découvertes

Source - http://www.lest-eclair.fr/aube/des-batisses-de-l-epoque-gallo-romaine-decouvertes-a-ia0b0n270316

Sur les lieux qui accueillent aujourd’hui le groupe scolaire, des témoignages de bâtisses remontant à l’époque gallo-romaine ont été découverts.

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Les fondations du bâtiment gallo-romain ont été mises à jour par les chercheurs de l’Inrap.

Le projet de construction d’un groupe scolaire, sur le territoire de la commune de Bagneux-la-Fosse, a motivé la prescription d’un diagnostic archéologique suivie d’une opération de fouilles qui s’est déroulée du 18 septembre au 14 novembre 2013. Plus de huit mois après, celles-ci viennent de livrer leur verdict : le site présente finalement des structures témoignant d’une occupation du Ier siècle après Jésus-Christ, suivie d’un établissement de population se fixant au VIIIe siècle jusqu’à aujourd’hui.

Dans un premier temps, les vestiges d’un établissement rural furent découverts sous la forme d’un bâtiment maçonné rectangulaire comprenant au moins deux pièces et associé à un parcellaire le séparant d’un édifice en matériaux périssables à plan ovale. Le matériel issu des couches d’occupation associé à celui d’un puits et une fosse ont permis de dater avec précision l’occupation du second quart de la fin du Ier siècle après J-C.

Transformations successives

Après une période d’abandon définitif, un nouvel établissement s’est installé, dès le VIIIe siècle, dans la partie ouest du site, tout en respectant la trame parcellaire mise en place durant l’Antiquité. Un bâtiment en pierres calcaires et un grand bâtiment sur poteaux à deux nefs ont succédé à la période carolingienne à des bâtiments en matériaux périssables dont la datation reste difficile à établir. Un déplacement rapide de l’habitat implique, en effet, une multiplication des traces de poteaux et une superposition de plans de bâtiments compliquant la lisibilité de l’occupation.

Une nouvelle orientation du parcellaire secondaire due à un réaménagement des bâtiments du village a transformé le site au XIIe siècle. Le bâtiment en pierre a continué à être occupé et réaménagé tandis qu’un second édifice sur fondations calcaires était créé au Nord-Est. Au moins cinq bâtiments sur poteaux et leurs annexes ont été aménagés au sein de parcelles clairement définies. Celles-ci étaient nettement séparées du secteur nord par un système de clôtures.

La fin du XIIIe siècle a vu l’abandon des bâtiments sur poteaux au profit de constructions sur semelle calcaire et sur murs bahuts soutenant de probables élévations en pan de bois. Un important réseau de drainage a été dès lors mis en place au sein du village ainsi que dans les parcelles potentiellement cultivées, et au sein du bâtiment en pierre d’origine, qui a fait, à cette occasion, l’objet d’un réaménagement.

Les grands bâtiments sur semelle calcaire comportaient des structures – séchoir à céréales et possible aire de battage – et adoptaient des morphologies se rapprochant de constructions agricoles.

Enfin, le XVe siècle et la guerre de Cent Ans ont vu la destruction globale de ce secteur du village, qui serait passé de 400 à 40 feux, et l’abandon total de la parcelle jusqu’à nos jours, au profit du pacage de bêtes à laine.

Ornements de ceintures, monnaie du VIIe siècle…

L’occupation du site a donc connu une durée de vie longue, malgré l’important hiatus entre le Haut-Empire et la période carolingienne.

Cet habitat mouvant a fini par se fixer à cette époque pour donner naissance au village actuel. Compte tenu des connaissances actuelles et des difficultés souvent rencontrées sur ce type de site en matière de datation et d’identification, l’histoire du bourg de Bagneux-la-Fosse peut représenter un témoignage des mutations opérées sur un village du sud de l’Aube, sur une longue période.

Lors de ces fouilles archéologiques menées par l’Inrap – Institut national de recherches archéologiques préventives –, des ornements de ceintures et une monnaie très rare de l’évêché de Rouen de la fin du VIIe siècle ont été également trouvés, tout comme, d’ailleurs, des vervelles (petits ornements de harnais ou de chaînes) aux armoiries des « Ortillon », famille aristocratique liée aux Riceys. Ces vervelles auraient pu orner la chaîne des faucons ou des chiens de chasse de ces seigneurs.