Angers (France): L'ancien couvent des Augustins

Sur un vaste terrain de 8 000 m2, ...

Benoît Robert

Source - http://www.angers.maville.com/actu/actudet_-Archeologie.-Sur-un-vaste-terrain-de-8-000-m-sup-2-sup-...-[Reportage]_fil-2174389_actu.Htm

ag30-1489957-1-px-512-w-ouestfrance-1.jpg Des niches funéraires ont été mises au jour à l'occasion du diagnostic.

Depuis début juin, des archéologues se penchent sur les vestiges de l'ancien couvent des Augustins. Ici vivait la congrégation religieuse des Frères sacs, dès 1263.

Sur un vaste terrain de 8 000 m2, sept longues tranchées morcellent le chantier de l'ancien couvent. Niché au coeur du quartier historique de la Doutre, rue de la Harpe, le site ressemble à un champ de bataille.

Depuis trois semaines, s'affairent là deux archéologues de l'Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives). Leur mission : effectuer un état des lieux, en vue d'un projet d'aménagement du site par la Ville. Un diagnostic nécessaire, préalable à d'éventuelles fouilles à venir .

Inlassablement, ils instruisent leur dossier archéologique, ramenant à la surface de multiples pièces à conviction: morceaux de tuiles, niches funéraires, restes de squelettes, rien n'est laissé au hasard. Tout un pan du Moyen-Âge est mis au jour quotidiennement.

Un ordre religieux rallié aux Augustins

« Nous sommes sur les lieux même du couvent des Augustins. Ici, en 1263, les religieux de l'abbaye du Ronceray ont cédé le terrain aux Frères sacs, ou « sachets ». Un ordre religieux que l'on nommait ainsi à cause de leurs habits. » À 44 ans, Martin Pithon est spécialiste d'archéologie urbaine. Responsable des travaux, il trouve ici matière à assouvir sa soif de découverte.

« Au début du XIVe, avec la réforme des ordres religieux, la papauté a retenu quatre ordres principaux. Les Frères sacs ont intégré ceux des Augustins. Le couvent a été réorganisé autour de l'église, détruite à la Révolution, tout comme celles de la place du Ralliement. À l'époque, un cloître desservait le dortoir, le réfectoire et la salle du chapitre. » Une topographie encore visible en partie, les fondations révélant peu à peu leurs mystères. Des sépultures, surgiront plus tard d'autres vérités. Des vestiges, qui selon le spécialiste, sont autant de fenêtres ouvertes sur la vie des moines.

La Doutre, une histoire de congrégations

Comme une longue descente dans le temps. Un voyage à travers l'histoire d'un quartier, celui de la Doutre, à Angers. Spécialisé en archéologie urbaine, Martin Pithon est intarissable sur le sujet.

« On connaît très mal la période gallo-romaine de cette partie d'Angers. Même si, en 1993, les fouilles effectuées à l'école des Arts et métiers ont permis d'en savoir un peu plus. »

La rue Lionnaise représentait l'axe antique qui reliait Juliomagus (Angers) à Condate (Rennes). Au début des temps chrétiens, un bourg se dresse autour de l'abbaye du Ronceray. Il formera le futur quartier de la Doutre, « d'outre Maine ».

Ainsi, au XIe siècle, la ville d'Angers, forte de son château et de sa cathédrale, franchit la Maine grâce à un pont construit à peu près à l'emplacement de celui de Verdun. Dès 1175, l'hôtel-Dieu Saint-Jean prend forme.

L'évolution urbaine grossit autour de pôles religieux. « Plusieurs congrégations s'installent dans la Doutre. Actuellement, subsistent les Servantes des pauvres, rue de la Harpe, les Soeurs du carmel, rue Lionnaise et les Bénédictines de Notre-Dame du Calvaire, rue Vauvert. » Un patrimoine riche en sites classés, qui préserve toujours le quartier.

Quant à connaître le nombre d'habitants à l'époque, le spécialiste ne tire aucune conclusion. Trop flou. « On ne peut pas extrapoler par rapport à la seule taille d'une ville. De nombreux paramètres rentrent en compte pour déterminer avec précision la démographie. » Même si l'apparition des premières paroisses apporte des éléments quantifiables : états civils, naissances, baptêmes et décès.