Aleria-Lamajone (France) : Une tombe étrusque en hypogée découverte

PART. 2

À ce jour, la fouille de ce caveau rectangulaire d’un mètre carré a livré plusieurs artefacts dont trois coupes à vernis noir et l’anse d’une probable œnochoé. Deux skyphoi, sorte de gobelets à grandes anses, ont été découverts à proximité du crâne d’un individu. Tous ces vestiges sont actuellement au-dessus du niveau de sol de l’escalier. Le mobilier permet d’attribuer cette sépulture au IVe siècle avant notre ère, mais la poursuite de la fouille et les études à venir répondront aux questions encore en suspens.  

Objet corse 8Bague à chaton présentant un petit animal (écureuil?) jouant avec une pelote. Elle a été découverte sur le pubis du défunt. Une monnaie y avait aussi été déposée. Fin du Ier siècle – début du IIIe siècle – Pascal Druelle

Objet corse 0Boucles d'oreilles découvertes dans une sépulture de brique livrant aux pieds du sujet dans un espace quadrangulaire (probablement un coffret en bois ou une ciste en osier) les éléments d'un collier de perles en verre et deux perles tubulaires en or – Pascal Druelle

LA PRÉSENCE ÉTRUSQUE EN CORSE

Par sa position centrale en mer Tyrrhénienne, le long des routes maritimes entre la Ligurie et le Sud de la France, la Corse a été l’objet d’intérêts commerciaux grecs, étrusques et carthaginois. Vers 540 avant notre ère, la bataille d’Alalia (nom grec d’Aleria) change radicalement les équilibres politiques en Méditerranée occidentale (cf. Hérodote, Diodore de Sicile). Le commerce maritime, partagé entre Étrusques, Phocéens et Carthaginois, se ferme à l’intérieur de zones exclusives, désormais réglementées. D’après les sources historiques, la façade orientale de la Corse semble alors rentrer dans la sphère d’influence étrusque. Entre 500 avant notre ère et la conquête romaine de l’île (259 avant notre ère) Aleria témoigne, non seulement des relations privilégiées avec l’Étrurie, mais également de la présence stable d’une population étrusque.

UN BERCEAU HISTORIQUE

Les travaux menés par Jean et Laurence Jehasse dans les années 1960 sur la butte de Masselone à Aleria avaient mis en évidence la ville romaine autour d’un forum et d’un amphithéâtre. Plus au sud, l’exceptionnelle nécropole de Casabianda, de culture étrusque (entre c. 500 à 259 avant notre ère), avait été  classée au titre des Monuments Historiques. Il s’agissait alors d’un des plus riches ensembles funéraires étrusque connus hors d’Italie. Le remarquable mobilier qui y fut collecté à l’époque (4510 objets dont 345 vases attiques, des équipements militaires de guerriers étrusques, etc.) est partiellement présenté au sein du musée de site d’Aleria. Après de nombreuses années d’interruption, des programmes de recherches viennent de prendre un nouvel essor sous l’égide de l’État (DRAC) et de la Collectivité de Corse, notamment par la mise en place d’un projet collectif de recherches sur Aleria et son territoire rassemblant plus de 70 chercheurs (Ministère de la culture, Inrap, Universités, CNRS, etc.).