Martigues (France): un cimetière "de catastrophe" découvert à Ferrières

Il s'agirait d'une parcelle sur laquelle ont été inhumées des victimes d'une épidémie de choléra

Stéphane Rossi

Source - http://www.laprovence.com/article/actualites/2433506/martigues-un-cimetiere-de-catastrophe-decouvert-a-ferrieres.html

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Photos Sébastien Rossi  - La parcelle qui va être livrée à la construction immobilière, a été entièrement fouillée ces dernières semaines.

C'est une nouvelle découverte archéologique importante qui a été faite à Ferrières. A l'occasion d'un chantier de fouilles d'une future construction immobilière, les archéologues de la ville ont mis au jour un cimetière dit "de catastrophe" vraisemblablement lié à une des épidémies de choléra qui, en 1854, a durement touché la ville. "Ce qui est important dans cette découverte, c'est qu'il s'agit d'un secteur que nous ne connaissions pas en tant que cimetière, explique Hélène Marino, archéologue à la ville. Nous connaissions le cimetière Saint-Joseph et celui dit de Ferrières mais ici, a priori, il ne s'agissait à l'origine, que d'une parcelle agricole."

L'épidémie de choléra, qui, à cette époque, a décimé plus de 150 personnes en deux mois, a, sans doute, incité les autorités à enfouir, à la va-vite, les cadavres des victimes à d'autres endroits.

Ainsi, cette parcelle de la future avenue Kennedy est-elle devenue vraisemblablement un cimetière "d'urgence". "Il n'y avait aucun signe religieux et les dépouilles que nous avons découvertes dans un système de tranchées, étaient sans doute simplement vêtues de chemises de nuit, voire étaient nues, ajoute l'archéologue. Ces malades ont sans doute été enterrés ici après être passés par l'hôpital au cours de cette épidémie meurtrière. De même, tous les cercueils sont en bois et étaient de la même forme et de la même taille. Ils ont parfois été empilés sur deux à trois étages, ce qui témoigne d'une urgence de situation". De même, les squelettes découverts ne portaient aucun signe distinctif. Gueux ou bourgeois, impossible de déterminer à ce jour, la classe sociale des individus inhumés. Vraisemblablement, ils ont là encore, en raison de l'urgence, été enterrés ensemble. "On a retrouvé quelques morceaux de chapelets en bois et en cuivre, parfois de petits bijoux mais ce sont les seuls signes que nous avons retrouvés, poursuit Hélène Marino. Nous ne sommes pas dans le cadre d'un cimetière traditionnel."

Les squelettes analysés dans un labo de la Timone

Sur la petite parcelle fouillée par les archéologues, ce sont essentiellement 50 squelettes d'adultes qui ont été identifiés et qui ont été envoyés dans un laboratoire anthropologique de La Timone pour une analyse fine. A côté d'un squelette féminin gisait également "un nourrisson, ou plus vraisemblablement un foetus", une découverte là encore peu banale. "La mère, malade, a dû faire une fausse couche", ajoute Hélène Marino.

La campagne de fouilles de la parcelle s'achève et, pour une fois, les archéologues ont le sentiment du devoir totalement accompli. Car ils ont pu accéder jusqu'au substrat géologique et ont l'assurance de ne rien laisser derrière eux. D'ici quelques jours, les grues et engins de chantier prendront le relais. Ils détruiront le site de façon irrémédiable. Comme bien souvent, malheureusement.

Et maintenant ?

A Martigues, les découvertes archéologiques se succèdent à tel point que le matériel retiré, lors des fouilles, devient véritablement conséquent. Pour autant, tout ne peut pas être exposé. C'est le cas des squelettes qui ne sont pas forcément du plus bel effet pour les visiteurs. En revanche, les objets - comme ici les chapelets - feront sans doute l'objet d'une restauration au long cours et pourraient, vraisemblablement, être exposés, pourquoi pas dans la superbe Galerie d'Histoire que compte la ville.