L’archéologie coloniale, une discipline en plein essor

L’archéologie coloniale, une discipline en plein essor

Denis Sergent

Source - Av http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/France/L-archeologie-coloniale-une-discipline-en-plein-essor-_EP_-2012-05-10-804725

À l’occasion de la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition, un colloque international sur l’« Archéologie de l’esclavage colonial » se tient jusqu’au vendredi 11 mai au Musée du Quai-Branly.

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Durant deux jours, une centaine de spécialistes venus de plusieurs pays se sont réunis à Paris, à l’initiative du Comité pour l’histoire et la mémoire de l’esclavage présidé par Françoise Vergès, afin d’explorer l’archéologie coloniale. L’idée ? « Montrer combien l’archéologie peut, aux côtés de l’histoire, apporter sa pierre à la lecture du passé, à la restitution de la mémoire »,  explique Sylvie Jérémie, archéologue à l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap). 

 « Un phénomène qui, du XVIIe  au XIXe  siècle, déplaça 11 millions d’hommes et de femmes rien que depuis les ports français, et probablement 20 millions dans le monde entier, mérite que l’on s’y intéresse davantage »,  poursuit-elle.

COMPLÉMENT INDISPENSABLE DES ARCHIVES ÉCRITES DES NÉGRIERS

Ces dernières années, l’étude de l’histoire de l’esclavage a connu un développement important. En France, dans les Antilles-Guyane par exemple, elle a réellement démarré en 2005. L’archéologie joue un rôle décisif pour renseigner sur les conditions de vie des esclaves, leurs habitats, les établissements où ils furent asservis, les rites d’inhumation, l’état sanitaire des défunts, etc.

Les « archives du sol » apportent des informations sans équivalent dans les archives écrites qui, lorsqu’elles existent, sont pour la plupart univoques, émanant de l’État, des négriers de Bordeaux, Nantes ou La Rochelle, ou des propriétaires.

Lors du colloque, une chercheuse cubaine a ainsi dévoilé des illustrations de bateaux négriers dotés d’une cale à quatre niveaux dans laquelle les esclaves ne pouvaient tenir que couchés, « un document très émouvant que la plupart des spécialistes ne connaissaient pas »,  s’enthousiasme Sylvie Jérémie. Il existe ainsi aujourd’hui un grand nombre de données sur l’esclavage. L’objectif des chercheurs est de les rassembler et les rendre publiques, pour contribuer à faire connaître cette période douloureuse de l’histoire.